Adieu à une belle âme


M., c’est par ce blog que je l’ai rencontrée. Alors que je publiais ici « Le dernier adieu », il y a plus sept ans, je reçus un mail. Je suis une grand-mère m’écrivait-elle et votre texte m’a touchée. Elle me racontait que son père avait fait la guerre de 14/18 et me remerciait de l’hommage que je rendais à tous ces jeunes gens sacrifiés au travers de ma lettre.

Nous échangeâmes d’abord par mails, puis par tchat. Et un jour ce fut une rencontre réelle, à l’occasion de la foire aux livres de Belfort. J’ai découvert une personne attachante, espiègle, d’une vivacité et jeunesse d’esprit incroyables. Ce jour-là est née une réelle et belle amitié qui se poursuivit durant six ans. Combien de fois m’a-t-elle appelée pour me signaler quelque faute dans un article fraîchement mis en ligne ! Elle arrivait a en retrouver là où plus personne n’en voyait (ce fut le cas à la parution de « Un, deux, trois… »).

Engagée tant au niveau politique qu’associatif, elle se battait pour ce qu’elle trouvait juste, intéressant. Elle aimait les autres et ils le lui rendaient bien. Elle était pour moi une amie, une confidente. Nous lui avions promis un gigot d’agneau au barbecue, que nous aurions dû manger ensemble cet été au milieu de la verdure, là où elle aimait tant venir nous rejoindre. La maladie l’en a empêchée. Je lui ai porté, à la clinique, un petit morceau de méchoui. Je me souviens des étoiles qui illuminèrent son regard lorsque je le lui ai donné, il y a de cela un mois.

Pour terminer sur une note gaie (elle râlerait de me savoir triste), je garde en mémoire cette journée de juillet 2012 où, après avoir passé la journée avec nous, elle égara son téléphone portable dans sa voiture… La quête de l’objet fut tout une épopée tant il y avait de choses improbables dans la petite auto… Un inventaire à la Prévert : casseroles, fauteuil et table de camping, et bien d’autres choses encore. Pour finir, nous avions retrouvé l’objet dans le capotage du frein à main, après avoir quasiment vidé la voiture. Elle nous avait alors dit d’un ton espiègle : « Mais je peux avoir besoin de cela voyons ! » 🙂

M. vous me manquerez cruellement, vous nous manquerez ! Je suis heureuse et fière de vous avoir connue. J’aurais juste voulu que vous restiez avec nous un peu plus longtemps. Ma seule consolation est de savoir que vos souffrances sont enfin terminées. Et j’espère, comme le chantait Brassens que vous aimiez tant, que vous passerez votre mort en vacances…

Publié par Isabelle Lorédan

Autrice nouvelliste et romancière

Un avis sur « Adieu à une belle âme »

  1. Je ne peux qu’appuyer tes propos, Isa.. J’ai eu l’honneur de rencontrer cette grande dame ce fameux après-midi de juillet… Quelle élégance! quelle finesse d’esprit.. J’aurais aimé la découvrir un peu plus mais ce qu’elle m’a laissé entrevoir d’elle suffit à me faire venir le sourire.

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