Quatrième de couverture
En 1934, soit seize ans après sa mort, paraissent – sous le manteau – Les Œuvres érotiques complètes de Guillaume Apollinaire. Cet ouvrage constitué de trois tomes et rehaussé des prodigieuses illustrations de Berthommé Saint-André comprenait Les Onze Mille Verges, Les Exploits d’un jeune Don Juan et Poésies. Il n’a jamais été réédité tel quel depuis. Hormis les poésies où le génie d’Apollinaire dépasse tout entendement, le texte phare demeure incontestablement Les Onze Mille Verges, jugé « plus fort que le marquis de Sade ». Les pérégrinations du prince Vibescu sont ponctuées de scènes particulièrement inconvenantes, décrivant dans une « joie infernale » toutes les facettes de la sexualité avec une volonté évidente d’éclectisme : sadisme, masochisme, ondinisme, onanisme, saphisme, vampirisme et surtout surréalisme qui, sublimant la crudité du récit, transcende l’humour placé au tout premier plan. Avec Apollinaire, la question est désormais posée : tout compte fait, l’Enfer ne serait-il pas joyeux ? Voici donc l’intégralité des textes érotiques de Guillaume Apollinaire, ce précurseur de toutes les avant-gardes, augmentés d’analyses permettant de rendre accessible et de clarifier cette oeuvre licencieuse, reconnue comme la plus marquante du XXe siècle.
Mon avis
A l’heure où les écrits de Guillaume Apollinaire sont tombées dans le domaine public, les éditions de la Musardine ont décidé de rééditer ces œuvres complètes publiées initialement dans la clandestinité en 1934. Elles sont illustrées de dessins en noir et blanc signés Berthommé Saint-André, et la couverture est de Picasso.
C’est l’occasion de découvrir ou de relire avec plaisir des textes délicieusement licencieux, voire carrément transgressifs. Que ce soient avec Les onze mille verges ou Les exploits d’un jeune Don Juan, l’auteur ne s’est rien interdit dans l’outrance. A l’heure où la morale revient en force, cela fait du bien de trouver une telle liberté de ton. Et puis il y a les poèmes qui sont plus méconnus du grand public. En voici quelques vers, pour terminer cette note en beauté.
Ah faites-moi feuille de rose
Prenez pitié en mon aveu
C’est une langue que veux
C’est mon cul que je vous propose
Mon cul s’éveille au souvenir
D’une inoublible caresse
Que m’enseigna une négresse
Dans un hôtel rue d’Aboukir
J’avais seize ans et des torsades
La noire me jugeant à point
Régala mon cul d’un schampooing
Plus savoureux qu’une enculade
Je porte aujourd’hui les cheveux
Roulés en chignon sur la nuque
Mais j’aime encore qu’on me trouduque
Car j’ai le sphincter très nerveux
Et j’ai gardé très peu de hanches
Afin de pouvoir exhiber
Le tralala le plus bombé
Des tralalas que l’on emmanche
Et mon anus est pour le doigt
Une merveilleuse alliance
Mais tu n’es pas bègue commence
Par le baiser que tu me dois
Je sens que ta langue pénètre
Et je décharge O mon joli
Dufayel paierait cher peut-être
Pour voir ce qu’on fait dans son lit
Si vous ne savez pas quoi offrir pour la St Valentin, ce livre sera un cadeau parfait pour tout amateur de littérature. Un incontournable pour votre bibliothèque.
Seul petit regret, que cette édition ne bénéficie pas d’une couverture cartonnée qui l’aurait rendu plus précieuse. Elle aurait mérité d’être traitée façon « beau livre ».
Editions La Musardine – 18 euros
Une belle idée de la Musardine que cette re-édition. Je me régale à relire 20 ans après, des pages qui me semblent si familières…
En lisant ce rappel d’Isabelle à la feuille de rose faisant pendant au sonnet de Verlaine, il semble que le thème ait quand même était particulièrement vivace en cette fin de dix-neuvième puisque Maupassant lui même se fendit d’une innénarable pièce de théatre : « A la feuille de rose, maison turque.. »
http://lassilia.voila.net/Maupassant.htm
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