Mes lectures incontournables (de 0 à 19 ans)


Sur Facebook, Ombres Caresses a lancé une jolie chaîne en demandant à ses contacts de lister les 10 livres qui ont compté pour eux. Je m’y suis pliée de bonne grâce et, horreur, malheur bonheur, la mienne dépasse de beaucoup ce nombre !

Un petit retour vers l’enfance tout d’abord, puisque c’est là que j’ai pris le goût de la lecture. Très longtemps, je n’ai lu que les livres de la Comtesse de Ségur que ma mère m’achetait. « Les malheurs de Sophie », « Les petites filles modèles » et bien d’autres ont donc bercé mon enfance. Pourquoi j’y attache de l’importance ? Tout d’abord parce que cela m’a permis d’apprécier les belles lettres, puis aussi parce que je n’écrirais peut-être pas dans le registre SM aujourd’hui sans avoir lu la Comtesse 😉 Eh oui souvenez-vous, combien de fessées, de punitions plus ou moins cruelles dans ces recueils ? A tel point que certains n’hésitent pas à qualifier cette noble dame d’auteur SM pour enfants…

En grandissant, j’ai pris goût (j’en remercie encore mon institutrice qui m’a poussée dans cette voie) aux romans policier, et me suis immergée avec joie dans les enquêtes d’Alice et des soeurs Parker. Ce goût pour les policiers ne m’a plus jamais quittée et j’ai englouti plus tard, l’oeuvre prolifique d’Agatha Christie et de quelques autres.

L’entrée au collège fut marquée par ma rencontre avec l’œuvre de Marcel Pagnol. Le mercredi après-midi, lorsque je sortais du conservatoire, je m’arrêtais à la grande librairie de Montbéliard (Rayot-Depoutot, qui a fait le bonheur de tous les bibliophiles de la ville !) et m’y achetait un volume. J’ai ainsi lu l’intégralité des souvenirs d’enfance, puis tout le reste… Merci le cinéma sans lequel je n’aurais peut-être pas eu le désir de lire la célèbre trilogie marseillaise, ni tous les autres.

Puis j’ai découvert les auteurs classiques. Ainsi, à treize ans je lisais Germinal d’Émile Zola mais aussi l’intégrale des tragédies de Racine (et en vieux français s’il vous plaît !). Germinal, lecture incontournable pour moi qui était petite-fille et arrière-petite-fille de mineurs, m’a non seulement permis de découvrir un auteur majeur de la littérature française (dont j’ai lu beaucoup d’autres romans ensuite) mais a aussi contribué à l’éveil de ma conscience politique. Pour les tragédies de Racine, je me souviens surtout, outre les alexandrins somptueux, des incestes, adultères, meurtres, parricides, infanticides qu’elles contenaient et qui m’étaient accessibles sans aucun problème du fait que tout cela était contenu dans une œuvre unanimement reconnue et saluée. Je découvrais par là l’absurdité des censures.

J’ai également lu autour de treize ans, un livre trouvé dans une armoire de l’atelier de mon père : Justine du Marquis de Sade. Ce livre comportait des gravures qui me fascinait pour le moins autant que les mots… Ce fut une vraie découverte que ce livre, qui me troubla infiniment tout en m’horrifiant.

Dans terminer avec les classiques, j’ai une tendresse particulière pour Stendhal. Le Rouge et le Noir et bien sûr, La Chartreuse de Parme m’ont régalée de belles heures de lecture, et je les reprends encore très volontier, pour lire un passage. En première, j’ai même collé mon professeur de français M. Pinot, grand admirateur de Stendhal, qui nous affirmait que l’auteur ne donnait jamais de détails sur le physique de ses personnages, se cantonnant au minimum. Je lui fis remarquer que Julien Sorel était décrit avec un nez aquilin, ce qu’il contesta aussitôt. Le lendemain, je lui amenais le volume contenant la phrase soulignée… « Mais Melle A… j’ai dis cela pour m’assurer que l’aviez bien lu » me dit-il l’œil pétillant de malice. Il avait ainsi sauvé la face.

Puis j’ai découvert les grands auteurs anglo-saxons : Dickens bien sûr, Steinbeck dont j’ai lu avec bonheur Les raisins de la colère puis Des souris et des hommes, Richard Llewellyn avec Qu’elle était verte ma vallée et beaucoup d’autres à la suite.

J’ai beaucoup lu également, tout au long de mon adolescence, de livres-témoignages.

Dans cette catégorie, je retiens :

Le temps d’un soupir, fabuleux petit livre dans lequel Anne Philipe, la veuve de Gérard, raconte la maladie et la mort de son mari, mais livre aussi son désarroi face à la perte de l’être aimé. Ce livre m’a profondément bouleversée et je l’ai relu un nombre incalculable de fois. Il est toujours sur mes étagères d’ailleurs.

L’herbe bleue, comme beaucoup de générations d’adolescents avant et après moi. Témoignage touchant sur la toxicomanie d’une adolescente, il me fascinait autant qu’il ne me terrorisait. Quelques années plus tard, c’est Moi, Christiane F. que j’ai lu, sur la même thématique.

Parmi les auteurs femmes, trois m’ont marquée :

George Sand tout d’abord, dont j’ai lu et relu La Petite Fadette, mais dont je n’ai découvert le combat féministe que beaucoup plus tard.

Colette dont j’ai lu en classe, comme des générations entières de têtes blondes, la célèbre Chatte, incontournable des livres de lecture, qui nous faisait tant pouffer, avant de savourer « Le blé en herbe » à l’adolescence. Une vraie rencontre littéraire puisque j’ai lu quelques autres romans ensuite, après avoir vu en feuilleton à la télévision l’adaptation des Claudine.

Régine Deforges et sa Bicyclette bleue. J’ai lu ce roman fiévreusement, l’engloutissant en quelques heures, le temps d’une nuit. J’ai souvenir de l’avoir terminé quelques minutes avant que mon réveil ne sonne pour aller au lycée. La journée fut terrible tant je manquais de sommeil ! J’ai lu ensuite chaque volume de cette saga, les attendant avec impatience. Je me souviens des émois provoqués par la lecture de certains passages très… 😉

J’arrête-là pour aujourd’hui, je poursuivrai cette introspection littéraire avec une seconde note plus tard.

Publié par Isabelle Lorédan

Autrice nouvelliste et romancière

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