Trente ans…


Je sais, j’ai un jour de retard… Mais bon, j’ai une excuse, hier j’étais absente (et je n’avais rien programmé…).

Le 10 mai 1981, j’avais 15 ans et ne m’intéressais que de loin à la politique, bien que grandissant dans un milieu familial qui avait été militant. Mon père avait un passé de syndicaliste et de communiste. Et bien qu’ayant gardé intactes ses convictions, il avait cependant pris du recul par rapport aux encartages. Il a payé le prix fort pour ses engagements (ainsi que ma mère d’ailleurs), puisque jamais une promotion, jamais une augmentation… Mais il estimait cela moins important que de renier ses convictions, certains à l’heure actuelle, feraient bien de s’en inspirer…

Ce 10 mai 1981, je m’en souviens comme si c’était hier… La liesse populaire à la Bastille envahissait nos écrans de télévision, et même si chez nous le scepticisme restait de mise, nous avons tout de même arrosé la « victoire ».

Trente ans après, le bilan des deux septennats de François Mitterrand est très mitigé. L’homme est controversé… Mais…

Il restera celui qui osa :

– Abolir la peine de mort

– Dépénaliser l’homosexualité

– Libérer les radios (même si rapidement, cette liberté fut noyautée par les grands groupes)

– Imposer la retraite à 60 ans, les 39 heures de travail hebdomadaires et la 5ème semaine de congés payés

– Permettre la création des lois Auroux

Le deuxième septennat est beaucoup plus contestable, je ne le nie pas. Mais doit-il faire oublier le positif réalisé ?

François Mitterrand était un homme à facettes multiples, dont certaines (comme celle de son passé d’homme de Vichy) étaient peu reluisantes… Mais quoi que l’on pense de lui aujourd’hui, il restera après De Gaulle, le deuxième grand homme politique du XXième siècle.

J’ai souvenir qu’au lendemain de son élection, ma grand-mère hospitalisée nous avait demandé quel en était le résultat. La joie qu’elle connut ce jour-là fut une des dernières de sa longue vie, puisqu’elle décéda le 18 juin de la même année, à 91 ans.

Je fais partie de ce que l’on a appelé « La génération Mitterrand », et bien que sévère sur beaucoup de points, je garde quand même une certaine tendresse pour cet homme. En janvier 1996, j’étais à la Bastille quand Barbara Hendricks chanta « Le temps des cerises » à capella, sur les marches de l’opéra, et cela reste l’un des grands moments d’intense émotion de ma vie. Je ne savais pas ce jour-là, que quatre mois après, j’aurais à accompagner mon père au cimetière…

Publié par Isabelle Lorédan

Autrice nouvelliste et romancière

Un avis sur « Trente ans… »

  1. Sacrés souvenirs. La vie, quoi. L’heureux et le triste se mêlent et s’entremêlent sans jamais se départir l’un de l’autre.

    Moi, j’avais 14 ans et je faisais la fête dans un baptême. Certains hommes avaient quittés la salle pendant un moment et sont revenus en poussant des cris, de joie pour les uns, de dépits pour les autres.
    Mais le baptême s’est bien terminé dans le plaisir d’être ensemble.

    Concernant le bilan de Tonton, je ne me prononcerais pas comme pour ceux qui l’ont succéder. Du bien et du moins bien à chaque fois. Mais à quoi bon leur taper dessus, n’est-ce pas une majorité du peuple qui les élisent?

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